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BARTHÉLEMY ET MÉRY.



NAPOLÉPON ET LA GRANDE-ARMÉE




Et vous qui, plus heureux, vainqueurs d’un long exil,
Aujourd’hui pour la France abandonnez le Nil,
Lieutenants du héros dès ses jeunes années,
À son noble avenir liez vos destinées !
Un jour, sous son manteau semé d’abeilles d’or,
Géants républicains, vous grandirez encor :
Sa main, en vous jetant des fiefs héréditaires,
Chargera de fleurons vos casques militaires.
Eckmühl, Montebello, Berg, Frioul, Neufchâtel,
Vous donnerez au camp un blason immortel !
Le glaive impérial, qui détruit et qui fonde,
Pour vous en écussons découpera le monde,
Et devant l’ennemi, sous le feu des canons,
D’un baptême de sang anoblira vos noms !

Dans ce drame éclatant de quatorze ans de gloire,
Commencé sur le Nil, achevé sur la Loire,
Vous reverrez un jour vos généraux vieillis,
Soldats du mont Thabor et d’Héliopolis !
Vos drapeaux, qu’agita l’aquilon d’Idumée,
Marcheront les premiers devant la grande armée ;
Vos pas ébranleront tout le Nord chancelant
Aux plaines d’Austerlitz, d’Iéna, de Fridland ;
Jours de fête où, perçant un rideau de nuages,
Le soleil dardera ses lumineux présages.

Bientôt des bords du Rhin vers l’Asie élancés,
Émules rajeunis de vos travaux passés,