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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.



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Pour chaque enfant qui naît ici-bas, Dieu fait naître
Un petit fossoyeur expert en son métier,
Qui creuse incessamment sous les pieds de son maître
La place où l’homme un jour s’abime tout entier.

Connaissez-vous le vôtre ? Il est hideux peut-être,
Et vous tremblez de voir à l’œuvre l’ouvrier ;
Par un regard si doux le mien s’est fait connaître,
Qu’à sa merci mon cœur m’a livré sans quartier.

C’est un bel enfant rose et blanc ; sa lèvre est douce ;
De caresse en caresse à ma fosse il me pousse ;
On ne saurait aimer d’assassin plus charmant !

Espiègle, as-tu fini ? Dépêchons. L’heure approche.
Donne avec un baiser ton dernier coup de pioche,
Et dans ma tombe en fleurs pose-moi doucement !


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FLEURETTE




Japerçois le moineau venir
Jusqu’à mon seuil piquer la graine ;
La bise noire se déchaîne ;
La neige aux branches va tenir.