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CHARLES DE POMAIROLS.

Viennent au bord des bois accompagner en rond
La brillante Artémis qui les passe du front
Et de son fin croissant d’argent clair les domine,
Car les dieux souverains dont le ciel s’illumine
Dépasseront toujours en leur sublime vol
Les filles des forêts, des sources et du sol.


(La Nature et l’Âme)


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APRÈS LA MORT DU PÈRE



Cette terre, ces champs, ces vignes, que mon père
Remplissait tout le jour de son geste puissant
Et qu’il entretenait dans leur beauté prospère,
Sont vides,… et c’est moi qui gouverne à présent.

Les générations tour à tour se remplacent,
Dit le sage insensible avec tranquillité.
Ces froids raisonnements par où les pleurs s’effacent
Ne pénétreront pas dans mon cœur révolté !

Oh non ! non ! D’aussi loin, père, qu’il me souvienne,
Dès le premier éveil de mes regards d’enfant,
Cette terre fut vôtre, ô père, et non pas mienne !
Elle n’est pas à moi, le respect le défend.

Elle est à vous encore, et mes yeux sont humides
Lorsque pour commander ma voix s’élève ici ;
Et lorsque je m’essaie à des ordres timides,
J’interroge tout bas : Père, est-ce bien ainsi ?