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LUCIEN PATÉ.


Pour en dorer nos cieux nous rallumons ta gloire
Dont l’éclat sort plus pur de ses voiles d’un jour,
Et pour l’éternité nous dressons ta mémoire
Dans son rayonnement de génie et d’amour !


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LA PLAINTE




J’ai dit aux bois toute ma peine,
Et les bois en ont soupiré ;
J’ai dit mon mal à la fontaine,
Et la fontaine en a pleuré ;

Je l’ai dit à l’oiseau qui chante,
Et l’oiseau tristement s’est tu ;
Je l’ai dit à l’étoile ardente,
Qui par un signe a répondu ;

Je l’ai dit à la fleur cachée
Dans l’herbe épaisse sous mes pieds ;
Je l’ai dit à la fleur penchée
Sur ma tête, dans les sentiers ;

Et vite elles ont sur ma plaie
Répandu, prises de pitié,
Fleurs du gazon ou de la haie,
Le parfum de leur amitié !

Ah ! lorsque toute la nature
Ainsi prend part à mes douleurs ;
Quand le vent qui passe et murmure
Sur son aile emporte mes pleurs,