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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

J’admirais ce vieux bronze arraché de la terre,
Respecté par le temps et sauvé de l’oubli ;
Et, mon avide esprit revenant en arrière,
J’évoquais les splendeurs d’une vaste carrière,
Le tragique destin par César accompli.


II

Si le nom de cet homme excite notre envie,
S’il est bon quelquefois d’interroger sa vie,
C’est qu’il fut courageux et méprisa la mort,
C’est que sa volonté ne fut qu’un long effort
Pour dompter chaque jour la fortune rebelle
Et mériter sans cesse une palme nouvelle ;
C’est qu’il osait braver le sort aventureux,
C’est qu’il aimait la gloire, et c’est qu’il fut heureux.

Il ne se borna pas à planter son épée
Dans le cœur de la Gaule, à soumettre Pompée,
Le fils de Mithridate et d’autres généraux...
Un plus noble désir tourmentait le héros :
Il voulait que son nom, afin de lui survivre.
À la postérité fût légué par un livre,
cho de ses combats, où du moins l’avenir
Irait chercher toujours son ardent souvenir. É

Et c’est là sa grandeur, sa gloire la plus pure
C’est là le monument qui résiste et qui dure !
Tout le reste a sombré dans l’immense néant,
Comme un vaisseau perdu qu’engloutit l’Océan.