Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
335
HIPPOLYTE BUFFENOIR.


Tu brilles, ô Soleil, de la même clarté
Qui frissonna longtemps à ta première aurore !
Tu ne décroîs jamais, et tes rayons encore
Ont de tes premiers feux la douce intensité.

Tu gardes sans faiblir l’éternelle jeunesse,
Et tu restes pour nous l’immuable flambeau,
Tandis que l’homme, hélas! avant même qu’il naisse,
Est voué par la mort à la nuit du tombeau !

(Cris d’Amour et d’Orgueil)

DEVANT UN VIEUX BRONZE

REPRESENTANT CÉSAR

I

Dans le musée où dort superbement l’Histoire,
Je reconnus de loin le masque de César,
Et je frémis soudain, comme si plein de gloire
Le héros, revenant de gagner la victoire,
Avait été vivant et debout sur son char.

Qui ne se sentirait l’âme bouleversée
Devant ce fier regard, ce visage guerrier,
Ces traits où l’énergie est noblement tracée,
Devant ce large front, abri de la pensée,
Ceint d’un double rameau de chêne et de laurier ?

Je contemplai longtemps cette tête puissante
Où domine l’orgueil des plans audacieux,
Où rayonne une ardeur fatale et menaçante,
Où se trahit enfin la force éblouissante
Du plus grand des Romains et des ambitieux.