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LÉON DUVAUCHEL.


LES CHEVAUX DE LABOUR


Tout en sueur, voici les bêtes de labour
Qui reviennent, traînant la herse et la charrue ;
Et leurs pas réguliers résonnent dans la rue
Comme ceux des soldats qu’anime le tambour.

Voyez-les s’avancer, les serviteurs des hommes,
Eux qui se réservaient le plus dur du travail :
Percherons accouplés, par le large portail
Ils rentrent au logis des fermiers économes.

Le robuste garçon qui s’assied sur leur dos,
Les cinglant de son fouet, souvent les importune,
Quoiqu’ils aient tout le jour creusé la terre brune
Et bien gagné le foin, l’avoine et le repos.

Ils ont de bons regards, à défaut de paroles,
Pour saluer de loin le gros chien aboyeur.
Les tout petits enfants les touchent sans frayeur ;
Et le couchant vermeil leur fait des auréoles.


(La Clé des Champs)

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