Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/387

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
363
FRÉDÉRIC BATAILLE.


On entend expirer les derniers sons du cor :
Tel un soupir d’adieu dans les brumes lointaines.
De la mousse discrète où chantent les fontaines,
Mystérieusement monte un tremblant accord.

Des parfums pénétrants de rose et d’herbes mûres
Glissent dans les gazons et les vertes ramures ;
Et tandis que ta voix, comme un hymne des cieux,

Transporte ma pensée au paradis des songes,
Je regarde, charmé par tes divins mensonges,
L’étoile de Famour se lever dans tes yeux.

(Le Clavier d’Or)


LES CHÊNES

Les chênes vigoureux plantés au haut des cimes
Étendent leurs bras forts au-dessus des chemins
Où passent les espoirs et les regrets humains,
Entre les cieux profonds et les profonds abîmes.

Redressés sous l’effort des aquilons divins,
Leurs fronts majestueux ont des gestes sublimes,
Et leurs pieds, qu’ont rongés mille ans les vers infimes,
Vont aspirer la sève éternelle aux ravins.

Leur frondaison abrite un monde d’harmonies,
Et, pareille à la lyre énorme des génies,
Vibre en puissants accords dans les airs radieux.