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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Ô chênes, vieux géants des forêts vénérables,
La foudre et le temps seuls vous savent vulnérables,
Et votre mort ressemble à la chute des Dieux!

(Le Clavier d’Or)


LE MOIS DE MAI

Les fleurs, suaves cassolettes,
Frissonnent dans l’air embaumé ;
Les prés ravis font leurs toilettes
Pour recevoir le mois de Mai.

Ce joli prince à toque verte
Accourt aux souffles printaniers,
La perruque en touffe, couverte
De la neige des églantiers.

Dès qu’il paraît sur la colline,
Suivi d’un vol de papillons,
La belle Nature s’incline
Dans un sourire de rayons.

Le matin, avec l’alouette,
Il se promène à travers champs ;
Sur ses pas fleuris, le poète
Prélude à ses plus tendres chants.

Ses yeux bleus s’ouvrent en pervenches
Au bord ombreux des frais sentiers,
Et voient passer parmi les branches
L’hymen roucoulant des ramiers.