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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Maintenant, tu ne peux les poursuivre, Remords !
Elles ont pour te fuir leurs chars à huit ressorts
Et les fougueux coursiers de la grande Bretagne!
La Renommée avec sa trompette accompagne,
Car elles ont soumis les plus lointains préteurs,
Et les patriciens, et les purs dictateurs,
Et jusqu’aux fils de rois des vieilles monarchies...
Les voyez-vous passer, les belles affranchies ?

(Fleurs du Bitume)

LA MARCHE


J’ai mis trop loin, trop haut, le rêve de ma vie,
Vision d’avenir aimée, et poursuivie
À travers de longs jours de deuil.
J’étais parti, joyeux, sans regarder derrière :
Lutteur, je me fiais à ma force guerrière,
Et je n’avais que de l’orgueil.

J’ai compté bien longtemps les bornes de la route,
Et disais : « En marchant de la sorte, sans doute
J’arriverai là-bas ce soir. »
Et les pas succédaient aux pas, les vais aux côtes ;
iMes rêves étaient loin, et mes étoiles hautes ;
Et le ciel bleu devenait noir.

Un trompe-l’œil moqueur raccourcit la distance,
L’objet grandit, le but a pris l’exorbitance
D’une ombre qui viendrait à vous ;