Le clocher se découpe en vigueur sur la lune :
Encore un pas, encor ce bois et cette dune !
Marche plutôt sur tes genoux.
Il semble que ce soit le dernier kilomètre.
Et, sentant son désir et ses forces renaître,
Le passant ne s’arrête point ;
Et, quand il a marché pendant bien d’autres lieues,
Dans le prolongement des perspectives bleues,
Le but est encore plus loin.
Désirer ! devenir ! c’est la loi de nature !
Marche encore et toujours ! marche ! Si d’aventure
Tu touchais ton but de la main ;
Laissant derrière toi l’oasis et la source,
Vers un autre horizon tu reprendrais ta course :
Tu dois mourir sur un chemin.
(Fleurs du Bitume)
LE SENTIER DU SOUVENIR
Ô sentier, te voilà vêtu de fleurs fanées
Dont les vagues parfums s’exhalent affaiblis ;
Les nids, déserts depuis le départ des années,
Dans le creux des buissons dorment ensevelis ;
Les collines au loin se dressent, couronnées
De la brume qui roule et s’allonge en leurs plis ;
Des ruines sont là, de lierre environnées,
Et, sous mes pieds, des champs que le deuil a remplis.
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ÉMILE GOUDEAU.