Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Ce trou d’ombre, là-bas, est l’antre où se retire
Le Démon familier des hauts lieux, le Satyre ;
Peut-être il sortira si nous ne l’effrayons.

Entends-tu le pipeau qui chante sur ses lèvres ?
C’est lui ! Sa double corne accroche les rayons
Et, vois, au clair de lune il fait danser mes chèvres !


____________



ÉPIGRAMME FUNÉRAIRE




Ici gît, Étranger, la verte sauterelle
Que durant deux saisons nourrit la jeune Hellé,
Et dont l’aile, vibrant sous le pied dentelé,
Bruissait dans le pin, le cytise ou l’airelle.

Elle s’est tue, hélas! la lyre naturelle,
La muse des guérets, des sillons et du blé ;
De peur que son léger sommeil ne soit troublé,
Ah ! passe vite, ami, ne pèse point sur elle.

C’est là. Blanche, au milieu d’une touffe de thym,
Sa pierre funéraire est fraîchement posée ;
Que d’hommes n’ont pas eu ce suprême destin !

Des larmes d’un enfant sa tombe est arrosée,
Et l’Aurore pieuse y fait chaque matin
Une libation de gouttes de rosée.