Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/21

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d’embrasser avec fanatisme. Il ne songeait qu’à s’éloigner de Paris pour échapper aux dangers que son imagination grossissait peut-être. David, alors tout-puissant, s’entendit avec un autre artiste républicain, Renou, pour lui faire délivrer un passeport, le 26 janvier 1793. Le prétexte était la nécessité de continuer ses études en Italie.

Gros resta quelque temps dans le Midi, à Nîmes, à Montpellier, à Marseille ; il n’arriva que le 19 mai 1793 à Gênes, qu’il quitta peu après pour Florence. Là on sait qu’il dessina aux Musées, connut Alfieri et la comtesse Albani, fit quelques portraits, dont celui du comte Malakowski, président de la Diète de Pologne. En même temps, il composait un Young auprès du cadavre de sa fille, s’essayant au romantisme naissant, comme il était retourné jusqu’à la tradition poussinesque, en esquissant en 1791 des Bergers d’Arcadie. Rien de son originalité ne se dégageait encore. Vivant péniblement à Florence, mal vu de la foule, comme l’étaient les Français en Italie, en 1793 et 1794, il revint à Gènes, où il devait rester jusqu’en 1796. Il trouvait là ses protecteurs du premier séjour, le banquier suisse Meuricoffre et sa femme ; il y connut le ministre plénipotentiaire et le consul de France, y fit quelques portraits.

Cependant la Révolution, après avoir résisté victorieusement à la coalition européenne, reprenait l’offensive contre elle ; au commencement de 1796, Bonaparte était nommé commandant en chef de l’armée d’Italie. En