Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/43

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or elle est incontestablement très enchevêtrée. Il y a tout particulièrement dans le groupe central une combinaison de jambes de cheval, de bras et de tête d’homme, qui fait penser à celles des jeux de patience. C’étaient des tours de force auxquels se complaisaient les artistes pour démontrer leur science et leur virtuosité. On voit quelque chose de tout semblable et de plus compliqué encore, s’il est possible, dans la Révolte du Caire, de Girodet.

Un ou deux détails signalés par Gros ou par les salonniers nous permettent de saisir une fois de plus son procédé de composition et de préparation. Des lettres de lui montrent combien il avait cherché à être exact dans le costume et le décor, mais on sait d’autre part que l’épisode du Pacha se précipitant au milieu de la mêlée pour ramener ses soldats — la figure du Pacha est d’ailleurs une des plus vivantes et une des plus vraiment dramatiques qu’il ait peintes — était de son invention propre.

En 1807, Napoléon, qui venait d’être vainqueur à Eylau, fit mettre au concours la représentation de la bataille ou plutôt de son épilogue, car le programme très formel était ainsi conçu : « Le lendemain de la bataille d’Eylau, l’Empereur, visitant le champ de bataille, est pénétré d’horreur et de compassion à la vue de ce spectacle. Sa Majesté fait porter des secours aux Russes blessés. Touché de l’humanité du vainqueur, un jeune Lithuanien lui témoigne sa reconnaissance avec l’accent de l’enthousiasme. Dans le lointain, on voit les troupes françaises qui bivouaquent sur