Page:Lenotre - Prussiens d’hier et de toujours, 1916.djvu/157

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ceci n’importait guère, le roi, chétif et malingre, étant peu sensible à ce genre de séduction ; mais il fallait bien, n’est-ce pas ? que, pour l’exemple, Sa Majesté prussienne eût aussi sa Maintenon. Il imposa à sa cour l’usage de la langue française, l’allemand restant réservé aux domestiques et aux gens du commun, et c’était, pour les étrangers, un sujet de fou rire de voir, aux réceptions du palais royal, parmi la lourde magnificence des salons, ce pauvre roi contrefait, perdu dans son hermine, écrasé par sa perruque noire, grimaçant sous ses petites moustaches qui semblaient collées au pinceau – ainsi qu’il l’avait vu dans les portraits de Louis XIV dont on lui envoyait de Versailles les copies – minauder et se complaire en des grâces françaises, parlant la langue de Fénelon d’un accent rocailleux qui ressemblait au bruit du ressac sur les galets.

Ce qui manquait à la félicité de ce fantoche, c’était la visite d’un « confrère », d’un vrai, d’un souverain bien posé qu’il pût traiter de mon cousin et qu’il aurait ébloui de son luxe monstre. Jamais, à vrai dire, aucun prince d’aucune sorte n’avait eu l’idée de fraterniser avec ces parvenus de Brandebourg et la seule entrée solennelle dont Berlin avait jusqu’alors été le théâtre était celle d’une ambassade du grand khan de Tartarie. Dans une très agréable étude, publiée il y a quelque vingt ans, et qu’on relira avec plaisir et profit, car tous les Hohenzollern, – c’est le titre du livre, – y sont passés en rapide revue, depuis le plus ancien jusqu’au plus récent, MM. E. Neukomm et Paul