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3 avril 1915.


Si l’on pouvait supposer les Allemands capables d’une de ces mystifications qui marquent dans l’histoire des plaisanteries épiques, d’une de ces farces d’atelier telles qu’en perpétrait jadis le joyeux Vivier, on serait tenté de croire que leur fameuse « kultur » — « la kultur » dont ils se disent si fiers — est une invention vaudevillesque destinée à égayer considérablement, si possible, l’épopée tragique de leurs voraces et brutales convoitises. Mais c’est là une hypothèse inadmissible et déraisonnable : l’ironie est inconnue de l’autre côté du Rhin, et lorsque les Boches exaltent le miraculeux raffinement de leur civilisation, ils y croient « dur comme fer » et sont profondément convaincus que le monde entier jalouse leur éclatante supériorité.

Cette conviction périlleuse, d’origine exclusivement prussienne, n’est pas nouvelle ; elle date du temps lointain où la Prusse était, sous ses premiers rois, un piètre État que le dédain des grandes puissances pour ces demi-sauvages laissait inconsidérément