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derrière les vieux murs en ruines

gréée à l’ancienne, toutes voiles dehors, se balance au milieu des flots. Elle aborde un paysage exotique, mal connu, quelque part, là-bas, dans « les Îles !… »

Une source de cristal coule, en tournoyant, et tombe d’un rocher au sommet duquel s’épanouit un arbre. À travers les branches, sautillent et volettent des oiseaux de paradis. Ils sifflent, remuent la tête, ouvrent leurs becs effilés, font des grâces, agitent leurs ailes bleues, vertes et mordorées dont le temps n’a point amorti l’éclat métallique.

Devant cet étonnant paysage, ce navire soulevé par les vagues, quels rêves dut faire la sultane recluse, qui ne connaissait que les palais aux grands murs et ce jardin si bien clos ?

La boîte à musique finit d’égrener son émouvante chanson, les dernières notes meurent, imperceptibles ; la petite voix, un instant réveillée, rentre dans le passé… Mouley Hassan se campe devant la porte, aux côtés de laquelle deux niches semblables sont creusées. L’une est vide, l’autre garnie d’une pendule, en bronze admirablement ciselé, qui porte la marque d’un horloger de Londres, et la date 1793, Mais c’est la place vide que contemple le Chérif, et il rit d’orgueil satisfait.

— J’ai connu, en cet endroit, nous dit-il, une autre pendule, sœur de celle que vous voyez ici. Elles avaient été offertes à Mouley Sliman par un ambassadeur d’Angleterre. Et toutes deux mar-