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derrière les vieux murs en ruines

l’orgueil. Nul peintre au monde ne saurait lui être comparé.

— Pourtant, il y a Mohammed Doukkali…

— Le Doukkali !… qu’est-ce que cela ? Mets son travail auprès du mien, on ne l’apercevra même pas.

— Et Temtam ?

— Tu plaisantes ! Quand il doit exécuter un ornement compliqué, je le lui dessine.

— Les peintres de Fès ?

— Ceux de Fès !… Les Sultans les avaient dans leur ombre, et ils me faisaient venir de Meknès pour décorer leurs palais…

— Soit, personne donc ne t’égale ni te dépasse ?

— Si, Allah ! Il a peint les Cherekrek[1] au plumage d’azur…

Un sourire d’enfantine vanité éclaire son intelligent visage noir, et, pour me convaincre pleinement, Larfaoui, du bout de son pinceau, décrit une série de lignes qui s’enlacent en un réseau inextricable, mais harmonieux.

Avec une affolante rapidité, le panneau est couvert, terminé. D’un vase gracile, s’élève l’étrange épanouissement symétrique et compliqué d’un bouquet.

Cela semble le travail de plusieurs jours, et Larfaoui l’a fait éclore en moins d’un quart d’heure.

Mais, à présent, il flâne, il gratte doucement ses

  1. Le geai bleu ou chasseur d’Afrique.