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derrière les vieux murs en ruines

propos des invitées doivent parvenir jusqu’à eux et les troubler davantage. Car elles parlent sans aucune retenue de la prochaine cérémonie ; elles en décrivent complaisamment les détails aux tout petits, vautrés auprès d’elles, et dont ce sera le tour dans quelques années.

Ma voisine, qui étale un étourdissant caftan violet à fleurs géranium, fait même, avec deux doigts écartés en ciseaux, des gestes d’une trop explicite impudeur… Le bébé, vers qui elle se penche, n’en paraît point ému et continue à sucer son pouce en toute sérénité.

Le soleil descend peu à peu dans le patio, il ajoute aux toilettes un éclat superflu. Des roses faux heurtent les bleus trop vifs, les oranges, les jaunes ardents, les ramages d’or qui fulgurent en éclairs à travers les satins.

Et puis l’acidité agaçante des cinq petits burnous verts…

Mais les musiciennes, tapant à tour de bras sur les tambours de formes diverses, et chantant avec fureur, dominent le tumulte des gens, des voix et des couleurs.

… Drissia l’accouchée, halète sur des matelas, le visage rouge et les mains brûlantes.

Tout près d’elle des invitées, très splendides, causent avec une animation qui m’étonne. Je saisis le nom, cent fois répété depuis quelques jours, de Sellal Qlouba.

L’arracheur de cœurs, personne ne l’a vu,