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derrière les vieux murs en ruines

Ceci nous fut conté, un jour, par le cadi, tandis que nous traversions le pittoresque cimetière où le Saint repose.

À travers les aloès, les hautes herbes et les oliviers aux troncs difformes, on aperçoit le marabout de Sidi Saïd, émergeant d’un bosquet.

Svelte, et nettement profilé sur l’horizon, un palmier solitaire le domine.

— Les hommes, avait ajouté mélancoliquement notre compagnon, ne sont que des hommes, les jours ne sont que des jours, les époques ne sont que des époques, et l’Univers est au Vainqueur.


15 janvier.

La folie des Aïssaouas envahit toute la ville et la possède jusqu’aux moelles.

Il n’est plus d’impasses paisibles, de petites places désertes et solitaires à l’ombre des mûriers, de quartiers silencieux.

Nuit et jour, les bandes d’Aïssaouas parcourent les ruelles, vibrantes de leurs clameurs. Les esclaves et les femmes du peuple, penchées au bord des terrasses, y répondent par des yous-yous perçants, tandis que les autres, celles qui sont éternellement recluses derrière les murs, fré-