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Introduction.


II. ÉVOLUTION HISTORIQUE DU TAOÏSME.


[Les lettres TH renvoient à mes Textes Historiques, où les sujets indiqués sont traités au long.]


Dès le quatrième siècle avant l’ère chrétienne, 宋毋忌 Song-ouki, disciple d’un certain 羨門子高 Kao de Sien-menn, prêcha que l’homme peut arriver à dépouiller son corps, comme certains insectes dépouillent leur chrysalide, et aller vivre d’une vie supérieure dans des îles fortunées situées à l’est de la Chine. Il trouva des adeptes, jusque parmi les princes de son temps. — Au troisième siècle, 秦始皇 le Premier empereur des Ts’inn, devint le dupe de 徐市 Su-cheu, qui lui fit faire, en 219, des entreprises extravagantes (TH p. 263). En 215, on cherche Kao de Sien-menn. En 212, un certain Lou apprend à l’empereur, que, pour arriver à commercer avec les Génies, il lui faut d’abord apprendre les manières des Génies, ce à quoi l’empereur s’applique (TH p. 270). En 211, des hymnes officielles en l’honneur des Tchenn et des Sien, sont enseignées dans toutes les écoles de l’empire.


Plusieurs Taoïstes figurent dans l’entourage immédiat du fondateur de la première dynastie Han, par exemple 曹参 Ts’aots’an son chancelier (TH p. 378), et 張良 Tchang-leang le plus intime de tous ses conseillers (TH p. 264, 309, 343, 370, 381), mort en 189. — En 164-163, le Taoïste 新垣平 Sinn-yuanp’ing mystifia 文帝 l’empereur Wenn (TH p. 427). — Converti de force au Taoïsme par l’impératrice douairière (TH p. 531), l’empereur 武帝 Ou devint presque aussi fervent que son frère Nan le roitelet de 淮南 Hoai-nan. Il fut successivement la dupe d’une série de voyants et de voyantes, 神君 la princesse transcendante et l’alchimiste 李少君 Li-chaokiunn en 133 (TH p. 532), 少翁 Chao-wong en 121 (TH p. 535), 欒大 Luan-ta en 113 (TH p. 540), qui lui promirent l’or comestible. Il crut aux légendes de l’empereur 黄帝 Hoang-ti (TH p. 545), et du génie 彭祖 P’eng-tsou, inventées pour son usage. Il crut au Suprême Un, à sa résidence dans la Grande Ourse ; lui sacrifia en 113-112 (TH p. 547) ; chercha à se mettre en relations avec lui au sommet du mont 泰山 T’ai-chan en 110 (TH p. 553) ; fit composer une liturgie en style taoïste 解罪求福 pour la rémission des péchés et l’impétration des grâces, etc. Il crut aux Génies, fit bâtir des tours pour communiquer avec eux, habilla de 羽衣 plumes les officiers chargés de ces communications, et s’habilla probablement de même. Il but de l’eau de lune et dégusta diverses drogues. Il eut des conseillers de genre taoïste, 汲黯 Ki-nan (TH p. 519) et autres. Son règne finit par une catastrophe épouvantable, suite des passions superstitieuses qu’il avait déchaînées (TH p. 563). — Ces horreurs firent craindre les intrigues des Taoïstes, durant le dernier siècle avant l’ère chrétienne. Ils furent surveillés. Mais leurs doctrines furent plutôt estimées. Les plus grands Lettrés de ce siècle, 司馬遷 Seuma-ts’ien, 劉向