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Introduction.

Liou-hiang, en tinrent. — L’avenir de 劉秀 Liou-siou, qui fonda la seconde dynastie Han, lui fut prédit par un devin taoïste, et un grimoire taoïste assura sa fortune (TH p. 733, 754). Aussi, quand il fut devenu l’empereur 光武帝 Koang-ou, Liou-siou se montra-t-il reconnaissant (TH p. 800). En 56 de l’ère chrétienne, il chercha à renouer, au sommet du Tai-chan, les relations avec le Suprême Un, interrompues depuis l’empereur Ou (TH p. 799). Quant à sa dévotion exubérante envers les Génies, des documents célèbres en font foi (TH p. 796).

Le Bouddhisme envahissant à cette époque la Chine, le Taoïsme parut sommeiller. Mais ce fut pour se réveiller dans une explosion terrible, la grande insurrection des 黄巾 Turbans jaunes, qui détruisit les Han (TH p. 904 à 912, 917 à 923, 969). Trois frères Tchang furent les instigateurs de cette rébellion, 張角 Tchang-kiao, 張寶 Tchang-pao, 張梁 Tchang-leang. Un certain 張修 Tchang-siou, puis le fameux 張魯 Tchang-lou, la continuèrent. Ce dernier prétendait descendre, par son aïeul 張陵 Tchang-ling, du 張良 Tchang-leang cité plus haut (page 25). Il mourut, dans une obscure vieillesse, après 220. Peu d’années plus tard, commença la transformation du Taoïsme, que j’ai racontée, page 16 (Ko-huan).

Durant le troisième et le quatrième siècles, les doctrines taoïstes furent très en vogue. Nombreux sont les fonctionnaires taoïstes, joyeux compères, buveurs et fainéants, dont l’histoire a conservé les amusantes biographies, 稽康 Ki-k’ang, 阮藉 Yuan-tsie, 王戎 Wang-joung, et autres (TH p. 1001, 1041). Il était seulement défendu aux devins taoïstes, sous peine de la vie, de deviner que le ciel préparait un changement de dynastie (TH p. 1008). — Vers 423, dans le royaume tongouse de Wei, le Taoïsme fit des progrès notables, grâce à 寇謙之 K’eou-k’ientcheu un visionnaire, patronné par 崔浩 Ts’oei-hao un intrigant. C’est ce K’eou-k’ientcheu qui fut l’auteur de l’apothéose de Tchang-ling (ci-dessus), appelé depuis par excellence 張道陵 Tchang-taoling, et honoré comme 天師 T’ien-cheu Maître céleste. On découvrit à Tchang-ling des avatars merveilleux, cela se conçoit. La faveur de K’eou-k’ientcheu se soutint jusqu’en 452, et il fit faire à sa royale dupe 拓跋燾 T’ouopa-tao, des folies analogues à celles de l’empereur Ou des Han (TH p. 1267, 1313, 1316).

Durant le cinquième et le sixième siècles, ce fut, entre le Bouddhisme et le Taoïsme, un jeu de bascule, l’un montant pour baisser, l’autre baissant pour remonter, et ainsi de suite. — Au commencement de la dynastie T’ang, en 620, sous l’empereur 高祖 Kao-tsou, eut lieu l’apothéose intéressée de Lao-tzeu, que j’ai racontée page 19 (et TH p. 1536). J’ai raconté aussi, page 20, les exploits de l’empereur 玄宗 Huan-tsoung, 741 à 755. En général les empereurs T’ang penchèrent vers le Taoïsme, plusieurs en furent même des adeptes fervents. 憲宗 Hien-tsoung, 穆宗 Mou-tsoung, 武宗 Ou-tsoung, 宣宗 Suan-tsoung, moururent de la drogue. En 845 les Taoïstes obtinrent la proscription du Bouddhisme.