Page:Leon Wieger Taoisme.djvu/394

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E. Celui qui sait que cette loi pèse sur les êtres, est juste (traite tous les êtres d’après leur nature, avec équité), comme doit faire un roi, comme fait le ciel, comme fait le Principe. Et par suite il dure, et vit jusqu’au terme de ses jours, ne s’étant pas fait d’ennemis.


Résumé des commentaires.

L’immuabilité est un attribut propre au Principe. Les êtres y participent, en proportion de leur ressemblance acquise avec le Principe. Le Sage taoïste absolument indifférent, étant de tous les êtres celui qui ressemble le plus au Principe, est le plus immuable par conséquent. — Sauf le Principe, tous les êtres sont soumis à l’alternance continuelle des deux états de vie et de mort. Les commentateurs appellent cette alternance, le va-et-vient de la navette, sur le métier à tisser cosmique. Tchang-houngyang la compare à la respiration, l’inspiration active répondant à la vie, l’expiration passive répondant à la mort, la fin de l’une étant le commencement de l’autre. Le même se sert, comme terme de comparaison, de la révolution lunaire, la pleine lune étant la vie, la nouvelle lune étant la mort, avec deux périodes intermédiaires de croissance et de décroissance. Tout cela est classique, et ressassé dans tous les auteurs taoïstes.


Chap. 17. Texte.


A. Dans les premiers temps (quand, dans les choses humaines, tout était encore conforme à l’action du Principe), les sujets savaient à peine qu’ils avaient un prince (tant l’action de celui-ci était discrète).

B. Plus tard le peuple aima et flatta le prince (à cause de ses bienfaits). Plus tard il le craignit (à cause de ses lois), et le méprisa (à cause de ses injustices). Il devint déloyal, pour avoir été traité déloyalement, et perdit confiance, ne recevant que de bonnes paroles non suivies d’effet.

C. Combien délicate fut la touche des anciens souverains. Alors que tout prospérait grâce à leur administration, leur peuple s’imaginait avoir fait en tout sa propre volonté.


Résumé des commentaires.

Le sens est obvie, et les commentateurs sont tous d’accord. Cette utopie du gouvernement imperceptible, sans châtiments et sans récompenses, hantait encore le cerveau des lettrés chinois, il n’y a pas bien longtemps.