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II

SUR LE MONUMENT DE DANTE
qu’on préparait à Florence.

(1818.)


Quoique la paix rassemble nos peuples sous ses blanches ailes, les âmes italiennes ne se délivreront jamais des liens de l’antique sommeil, si cette terre prédestinée ne se retourne vers les exemples paternels de l’âge ancien. Ô Italie, prends à cœur de faire honneur aux hommes du passé : car tes contrées sont veuves aujourd’hui de tels hommes et il n’en est pas qui méritent que tu les honores. Tourne-toi en arrière et regarde, ô ma patrie, cette troupe infinie d’immortels, et pleure et irrite-toi contre toi-même : car désormais la douleur est sotte sans la colère. Tourne-toi, aie honte et éveille-toi : sois une fois mordue par la pensée de nos aïeux et de nos descendants.

Jadis les hôtes curieux, de climat, de génie et de langage différents, cherchaient, sur le sol toscan,