Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/227

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pour être le fils naturel de Prosper Mérimée. Il avait la sécheresse du style de ce père présumé, sans son intensité d’expression ni son ferme dessin. C’est à cette filiation supposable que Duranty devait une petite rente lui permettant de produire lentement de la littérature peu lucrative. Elle lui valut, sans doute aussi, la faveur de la concession d’un emplacement dans le Jardin des Tuileries, alors très réservé, pour l’exploitation d’un théâtre de marionnettes. Duranty composa toute une série de saynètes pour ce Guignol. Elles ont paru sous le titre de Théâtre des Marionnettes des Tuileries, Paris, 1862. Il avait collaboré à une petite revue, peu viable, le Réalisme, fondée par Assézat, dont le docteur Thulié et Champfleury étaient les principaux rédacteurs. Le Réalisme est un journal dont la collection complète, reliée, ne formerait pas un volume, mais qui a une histoire et qui a laissé un nom. Il paraissait mensuellement, format in-4o, imprimé sur deux colonnes et deux feuilles, en tout 16 pages. Il annonçait douze numéros par an, il n’en eut que six. Le premier numéro est du 15 novembre 1856, le dernier d’avril 1857. Le journal était combatif. Il partait vigoureusement en guerre contre le Romantisme. Les rédacteurs du Réalisme étaient républicains modérés, mais, à cette époque, c’était très hardi d’avouer une sympathie pour la République, même la République rose. L’un des collaborateurs, Jules Assézat, est mort rédacteur des Débats ; un autre, le docteur Thulié, a été président du Conseil municipal de Paris et président du Grand-Orient de France. Leur conviction littéraire et philosophique était ardente et sincère, hardie aussi. Il y avait, pour des républicains et des jeunes gens, une certaine témérité à oser combattre le Romantisme. C’était attaquer Victor Hugo.