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trouvé le citoyen Clemenceau, mais que l’un des adjoints s’était mis à leur disposition, à condition qu’il y ait entente entre les quatre clubs et le comité de Vigilance de l’arrondissement. On décida, en conséquence, de se rendre le lendemain, à dix heures, à la mairie, et de là, à midi, à l’Hôtel-de-Ville.

Cette divulgation, dans une réunion publique, d’une manifestation qui devait vraisemblablement dégénérer en émeute, était imprudente et maladroite. Le gouvernement se trouvait averti, et pouvait prendre ses mesures de défense ; ce qu’il fit d’ailleurs. M. de Molinari, rédacteur aux Débats, dont le compte rendu parut le lendemain matin, en a fait l’observation, dans la préface du recueil de ses articles sur les séances des divers clubs, écrits au jour le jour :

Un des résultats essentiels de cette divulgation quotidienne de mystères des Clubs rousses a été d’avertir le gouvernement des complots qui se tramaient contre lui. Le 21 janvier au soir, par exemple, les meneurs du parti révolutionnaire annonçaient au public du club de la Reine Blanche, à Montmartre, qu’on irait le lendemain, à midi, installer la Commune à l’Hôtel-de-Ville. Le 22 janvier, les lecteurs de journaux étaient prévenus, en prenant leur café du matin ; l’Hôtel-de-Ville était gardé, et les amis de l’ordre se tenaient sur le qui-vive. La surprise était manquée, et les partisans de la Commune, surpris à leur tour, étaient obligés de se replier sur leurs faubourgs. Aussi l’un d’eux n’hésitait-il pas à attribuer aux clubs l’insuccès de la journée…

(G. de Molinari, les Clubs Rouges. Préface.)

DÉLIVRANCE DE GUSTAVE FLOURENS

Un incident important se produisit dans la soirée. Deux militants, Henri Place (Varlet) et Amilcare Cipriani, s’étaient rendus, dans la journée, à la prison de Mazas, munis d’un permis de visiter. Ils venaient voir Gustave Flourens,