Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/183

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Le président Benoist d’Azy fit évacuer les tribunes, mais le coup était porté, et l’épithète resta. Les députés qui votèrent la mutilation de la France, approuvèrent les massacres de Paris, mais ne purent cependant parvenir à renverser la République, demeurent flétris et ridiculisés dans l’histoire. Ils ont été et resteront les Ruraux. Le jeune républicain qui les a baptisés tels se nommait Gaston Crémieux, avocat et journaliste à Marseille. La réaction triomphante, après les événements de la Commune, lui a fait payer le baptême : bien qu’il n’eût participé que très indirectement aux troubles de Marseille, Gaston Crémieux fut fusillé, comme communard.

Garibaldi sortit du Grand Théâtre de Bordeaux, accompagné par Esquiros. La foule, le reconnaissant sur les marches, l’acclama. Le vieux soldat se découvrit, et dit au peuple :

— « J’étais venu pour défendre la République honnête, raisonnable, et pour contribuer à la régénération de la France. »

Ces paroles, qui n’avaient rien de séditieux, et que nous trouverions plutôt empreintes de modération, furent suivies de longs applaudissements de la foule, de huées de la part des députés présents et des militaires.

Garibaldi avait envoyé, en même temps que sa démission de député, une lettre au gouvernement de la Défense, par laquelle il se démettait de son commandement de l’armée des Vosges. Le gouvernement, en acceptant cette démission, ne put s’abstenir de remercier le général qui s’était si glorieusement dévoué à la défense du territoire.

À l’issue de la séance, les députés se réunirent pour procéder au tirage au sort des bureaux.