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S’il y avait, pendant les combats de la Commune, un délégué au Conseil d’État, sur le siège abandonné par le président ; (le fauteuil, également usurpé au 4 septembre, avait été occupé, sous l’Empire, par M. Vuitry), il n’existait pas de conseillers.

Il n’y avait pas de séances à tenir, ni de rapporteurs à nommer. On avait d’autres préoccupations alors. Son prédécesseur immédiat, nommé aussi durant la bataille, n’avait eu guère plus de besogne. Pendant le siège des Prussiens, comme durant celui des Versaillais, le Conseil d’État chômait, et l’on ne sollicitait pas d’avis de cette haute juridiction. Les fonctions de délégué de la Commune se bornaient à une surveillance justifiée par l’état de siège. Le délégué devait garder les archives et documents importants, renfermés dans le palais. Cette surveillance fut scrupuleusement exercée jusqu’au samedi 20 mai, au soir. Le bâtiment était intact et les archives en sûreté, durant toute la journée du dimanche 21. Le délégué, ce jour-là, ne se rendit pas à son cabinet, car le palais était fermé, selon l’usage, les jours fériés. Il n’avait pas voulu occuper de logement dans l’édifice. Il n’y parut pas non plus le lundi matin 22, par cette raison que les troupes de Versailles, depuis la veille au soir, étaient entrées dans Paris, et que déjà l’on fusillait du côté du quai d’Orsay. Il jugea ses fonctions désormais sans objet, et considéra sa mission d’ordre purement administratif comme terminée, par force majeure.

Il ne participa donc aucunement aux événements dont le palais du Conseil d’État fut le théâtre, au cours de la semaine sanglante.