Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/421

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Au plateau supérieur, le commandant Poussargues et le capitaine Franck, avec les chasseurs du 18e bataillon, ont essayé d’opposer une digue de baïonnettes à la marée populaire, à chaque minute plus forte. Le capitaine Franck a relaté ainsi, dans le procès fait au capitaine Garcin, l’assaut dont lui et ses hommes furent l’objet :

Le flot des insurgés montant toujours, Garcin était à leur tête. Comme il se trouvait en avant, et voulait monter le premier, le commandant Poussargues lui donna un coup de poing qui le fit reculer. Il essaya alors de passer de mon côté, et je disposai mon poing pour le repousser. Garcin crut que je lui tendais la main pour franchir le talus, très escarpé en cet endroit. Il voulut me saisir le poignet, mais je le repoussai violemment.

Ce pugilat semble bien inoffensif. Il faut se rendre compte que Garcin et les hommes de son bataillon ne voulaient pas tirer les premiers sur les soldats, qu’ils espéraient les amadouer, les entraîner, et, de leur côté, les officiers, comme ce capitaine Franck, sentant que leurs hommes allaient leur échapper, se voyant aussi entourés par des forces de plus en plus grossies, n’osaient ni commander le feu, ni faire usage de leurs propres armes.

Le commandant Poussargues et le capitaine Franck furent en effet bientôt à la merci des gardes nationaux du 169e bataillon, qui, sous le commandement du capitaine Garcin et du lieutenant Piger, parvinrent à escalader le plateau supérieur. Les chasseurs, à qui l’on disait que leurs camarades du 88e de ligne avaient fraternisé avec les gardes nationaux, hésitaient de plus en plus. Ils entendaient crier : vive la ligne ! et aucune fusillade n’éclatait. Donc on ne se battait plus. Le général Lecomte, quand il était monté sur Le plateau supérieur, avait ordonné de mettre en joue, sans tirer. Aux commandements réitérés de