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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS


I

Page 73. — Certaines personnes se vantèrent même de n’avoir pas souffert du manque de denrées pendant toute la durée du siège…

(a) La disette n’était pas absolue, comme le prouve un témoignage gastronomique assez curieux.

Quatorze convives, appartenant à la littérature, à la philosophie, au journalisme et à la politique, avaient coutume de se réunir, tous les quinze jours, au restaurant Vachette, tenu par Brébant, sur le boulevard Poissonnière, au coin du faubourg Montmartre.

Ces reconnaissants dîneurs, car le restaurateur avait trouvé pour leurs estomacs des vivres de choix, alors que tout Paris était réduit à boucler son ceinturon, ont tenu à perpétuer le souvenir de leurs bonnes digestions. En commémoration de ces bombances du siège, qui avaient surtout le mérite d’être exceptionnelles, ils ont fait frapper à la Monnaie de Paris une médaille en or fin, d’une valeur de trois cents francs, en l’honneur du restaurant Brébant.

Sur la face de cette extraordinaire médaille, on lit :

PENDANT
LE SIÈGE DE PARIS
QUELQUES PERSONNES AYANT
ACCOUTUMÉ DE SE RÉUNIR CHEZ M. BRÉBANT
TOUS LES QUINZE JOURS NE SE SONT PAS UNE SEULE
FOIS APERÇUES QU’ELLES DÎNAIENT DANS
UNE VILLE DE DEUX MILLIONS
D’ÂMES ASSIÉGÉES.
1870-1871