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Au revers :

À M. Paul Brébant

Ernest Renan
P. De Saint-Victor
M. Berthelot
Ch. Blanc
Sherer
Dumesnil
A. Nefftzer

Ch. Edmond
Thurot
J. Bertrand
Marey
E. de Goncourt
Théophile Gautier
A. Hébrard

II

Page 163. — C’était la méthode qui avait réussi à Benito Juarez…

(b) Voici la lettre de Benito Juarez, ancien président de la République du Mexique, adressée à un de ses amis qui avait servi dans la légion des Amis de la France.

Cuernaveja, 18 décembre 1870.
Bien cher don Joaquin,

Votre silence sur ma lettre, datée de Mexico, 8 décembre, me fait craindre que, malgré le couvert diplomatique sous lequel elle vous était adressée, vous ne l’avez pas reçue.

Peut-être n’aurez-vous pas davantage reçu l’adresse du comité républicain des Deux Mondes, que don Antonio Ortiz y Carvajal vous envoyait par le même courrier, avec prière de lui donner la plus grande publicité possible.

Mais le « Phare de la Loire ». et, d’après lui, d’autres feuilles de Province l’auront sans doute insérée.

Cette adresse, dictée par la plus cordiale sympathie, et que j’ai tenu à honneur de signer l’un des premiers, est, dans la pensée de ses auteurs, destinée non seulement à porter à l’infortuné peuple français l’expression de nos vœux et de notre admiration, mais encore et surtout à ne laisser subsister dans son esprit aucun doute sur les sentiments fraternels qui animent tous les vrais Mexicains pour la noble nation envers laquelle la sainte cause de la liberté a tant d’obligations, et que nous n’avons jamais confondue avec l’infâme gouvernement bonapartiste.

C’est pourquoi, s’il est vrai, — comme nous croyons en être certains à Washington et ici, — qu’il existe un traité secret entre M. Bismarck et les Napoléon, en vue d’une restauration impérialiste, l’adresse en question n’aura certainement pas trouvé grâce devant la police postale allemande.

Quoi qu’il en soit, bien cher ami, et pour ne vous donner que l’expression de mes sentiments personnels, auxquels, je le sais, correspondent ceux de notre monde politique, — autant la défaite du brigand qui pendant cinq années a promené la mort et le pillage dans notre beau pays, m’a causé de joie indicible, autant sa chute, digne de son élévation, — tragique et grotesque à la fois, — m’a transporté d’allégresse, et comme républicain et comme Mexicain : — autant la poursuite de la guerre par le roi de Prusse et les horreurs qui en sont la conséquence en affligent au plus profond du cœur.