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Nous, chargés d’un mandat qui faisait peser sur nos têtes une terrible responsabilité, nous l’avons accompli, sans hésitation, sans peur ; et dès que nous voici arrivés au but, nous disons au Peuple, qui nous a assez estimés pour écouter nos avis, qui ont souvent froissé son impatience : « Voici le mandat que tu nous as confié : là où notre intérêt personnel commencerait, notre devoir finit ; fais ta volonté. Mon maître, tu es fait libre. Obscurs il y a quelques jours, nous allons rentrer obscurs dans tes rangs, et montrer aux gouvernants que l’on peut descendre, la tête haute, les marches de ton Hôtel de Ville, avec la certitude de trouver au bas l’étreinte de ta loyale et robuste main ! »

Les membres du Comité Central :

Ant. Arnaud, Assi, Billioray, Fearat, Babick, Édouard Moreau, C. Dupont, Varlin, Boursier, Moreau, Gouhier, Lavalette, F. Jourde, Rousseau, Ch. Lullien, Fortuné Henny, G. Arnold, Viard, Blanchet, J. Grollard, Barroud, H. Géresme, Fabre, Fougeret, Bouit.

La grandeur de cette déclaration finale, annonçant que ces hommes « obscurs » allaient rentrer dans leur ombre, s’estimant dignes de recevoir les marques d’estime de leurs concitoyens, et descendant du pouvoir la tête haute, était faite pour attirer les sympathies. Ce langage était digne et neuf. Ceux qui le tenaient avaient sans doute au cœur la sincérité des sentiments qu’ils exprimaient.

Les actes ne correspondent pas toujours aux paroles, et par la suite, beaucoup de membres du Comité Central parurent regretter l’abnégation dont, dans un élan généreux, ils s’étaient vantés. La retraite de ces gouvernants de quelques heures ne fut pas aussi complète que cette ferme et publique démission l’indiquait. Le Comité Central voulut maintenir son pouvoir à côté de celui des élus municipaux ; cette dualité fut souvent fâcheuse et même funeste. L’antagonisme, qui s’accentua pendant la lutte sous Paris, affai-