Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/126

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Il y avait d’abord un intérêt à ce que le journal fût à bon marché, puisqu’il donnait les actes de la Commune et publiait les faits militaires, dans un sens généralement favorable, et ensuite il était bien préférable de conserver le titre de Journal Officiel de la République Française, qui était consacré, accrédité et qui, à l’étranger et même dans les départements, donnait du poids et de l’autorité aux nouvelles et articles qui s’y trouvaient insérés. Le prix de 5 centimes était si légitime, que c’est celui qu’a adopté, par la suite, le gouvernement de la République. C’est peut-être la seule décision de la Commune qui ait survécu à sa défaite.

On peut faire cette objection toutefois, que le titre conservé n’était pas exact, qu’il constituait une usurpation et une fausse qualité, puisque c’étaient seulement les actes officiels de la Commune de Paris qu’il pouvait publier.

ÉMILE LEBEAU

Le premier rédacteur en chef du Journal Officiel, après le 19 mars, fut Alfred-Alphonse-Émile Lebeau. Il était né à Lille le 8 novembre 1839. C’était un employé de commerce. Il s’était engagé dans l’armée active au moment de la guerre, et avait obtenu l’épaulette de sous-lieutenant. Un grand et solide garçon, de belle allure, et dont la prestance martiale était remarquée, quand il défilait à la tête de ses bataillons, comme lieutenant-colonel de la 6e légion. Il montait avec élégance et dextérité un superbe pur sang, réquisitionné dans l’écurie d’un sportsman absent, peu désireux de cavalcader en personne dans les escadrons fédérés.

Lebeau avait été chargé par Lullier d’occuper les ateliers et les bureaux du Journal Officiel. Il remplit cette mission avec trois compagnies, qui d’ailleurs n’eurent même pas