Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/128

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ni la fonction ni l’importance qu’il s’attribuait, lors de sa polémique avec son successeur.

Lebeau continua, après son départ de l’Officiel, à servir la Commune. Il fut délégué à la direction des télégraphes. Il est mort retiré, oublié, en 1909.

VÉSINIER

Son co-rédacteur, collaborateur puis successeur de Charles Longuet, à la rédaction en chef, fut Pierre Vésinier.

Une des personnalités les moins sympathiques de la Commune. Ce malheureux était contrefait et son esprit ne fut jamais bien droit. La vie fut pour lui rude et sans grandes satisfactions. Sa difformité, son allure minable, le dédain et le mépris qu’il rencontra partout autour de lui, aigrirent son caractère et enfiellèrent son âme. Pendant la lutte communale, Rochefort, railleur sans pitié pour les faibles et les disgraciés, se plaisant à signaler les imperfections physiques et à faire rire aux dépens des infirmités de ses victimes, l’avait gratifié du sobriquet de : Racine-de-buis, Le pauvre bossu a porté, dans la presse, en exil, et a gardé jusqu’à ses derniers jours, le fardeau de ce désobligeant surnom.

Il était né à Cluny (Saône-et-Loire) en 1826. Son père était huissier. Le farouche démocrate tenait donc, par ses origines, à cette bourgeoisie, qu’il affectait d’exécrer, qu’il chargeait de tous les crimes, et dont il disait, avec une âpre énergie :

Plus la classe bourgeoise, exploitante et gouvernante est riche, plus la classe ouvrière est durement exploitée, pauvre et malheureuse. La lutte entre les capitalistes et les travailleurs ne peut être égale ; ces derniers sont toujours certains de succomber. Les