Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/139

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n’en serions pas où nous en sommes, et nos désastres eussent été évités.

Le prolétariat, en face de la menace permanente de ses droits, de la négation absolue de toutes ses légitimes aspirations, de le ruine de le patrie et de toutes ses espérances, a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en mains ses destinées et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir.

C’est pourquoi il a répondu per la Révolution aux provocations insensées et criminelles d’un gouvernement aveugle et coupable, qui n’a pas craint de déchainer la guerre civile en présence de l’invasion et de l’occupation étrangère.

L’armée, que le pouvoir espérait faire marcher contre le peuple, a refusé de tourner ses armes contre lui, elle lui a tendu une main fraternelle et s’est jointe à ses frères.

Que les quelques gouttes de sang versé, toujours regrettables, retombent sur la tête des provocateurs de la guerre civile et des ennemis du peuple, qui, depuis près d’un demi-siècle ont, été les auteurs de toutes nos luttes intestines et de toutes nos ruines nationales.

Le cours du progrès, un instant interrompu, reprendra sa marche et le prolétariat accomplira, malgré tout, son émancipation.

Un seul passage est intéressant à noter dans cette surabondante apologie : c’est celui où, par la plume de Vésinier, le Journal Officiel paraissant reproduire la pensée et le programme des chefs issus de l’insurrection, proclame le droit à l’émancipation des travailleurs, et dit à la bourgeoisie qu’elle a fait son temps, terminé son rôle, et qu’elle doit céder la place au prolétariat. Dépassant certainement son rôle et la limite de ses pouvoirs, le rédacteur du Journal Officiel rend la bourgeoisie responsable de « la ruine de la patrie », c’est-à-dire qu’il impute à la classe moyenne, ce qui est injuste, la guerre et ses désastres, et prononce, de son autorité privée, la déchéance de tout ce qui n’est pas la classe des travailleurs. Vésinier, qui ne fut