Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/138

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se trouver une presse assez injuste malhonnête et éhontée, pour déverser la calomnie, l’injure et l’outrage sur des citoyens respectables, dont les actes ne méritent jusqu’à ce jour qu’éloge et admiration.

Les amis de l’humanité, les défenseurs du droit, victorieux ou vaincus seront donc toujours les victimes du mensonge et de la calomnie ?

Les travailleurs, ceux qui produisent tout et qui ne jouissent de rien, ceux qui souffrent de la misère au milieu des produits accumulés, fruit de leur labeur et de leurs sueurs, devront-ils donc sans cesse être en butte à l’outrage ?

Ne leur sera-t-il jamais permis de travailler à leur émancipation sans soulever contre eux un concert de malédictions ?

La bourgeoisie, leur aînée, qui a accompli son émancipation il a plus de trois quarts de siècles, qui les a précédés dans la voie de la révolution, ne comprend-elle pas aujourd’hui que le tour de l’émancipation du prolétariat est arrivé ?

Les désastres et les calamités publiques, dans lesquels son incapacité politique et sa décrépitude morale et intellectuelle ont plongé la France, devraient pourtant lui prouver qu’elle a fini son temps, qu’elle a accompli la tâche qui lui avait été imposée en 89, et qu’elle doit, sinon céder la place aux travailleurs, au moins les laisser arriver à leur tour à l’émancipation sociale.

En présence des catastrophes actuelles, il n’est pas trop du concours de tous pour nous sauver.

Pourquoi donc persiste-t-elle, avec un aveuglement fatal et une persistance inouïe, à refuser au prolétariat sa part légitime d’émancipation ?

Pourquoi lui conteste-t-elle sans cesse le droit commun ?

Pourquoi s’oppose-t-elle, de toutes ses forces et par tous les moyens, au libre développement des travailleurs ?

Pourquoi met-elle sans cesse en péril toutes les conquêtes de l’esprit humain accomplies par la grande révolution française ?

Si, depuis le 4 septembre dernier, la classe gouvernante avait laissé un libre cours aux aspirations et aux besoins du peuple ; si elle avait accordé franchement aux travailleurs le droit commun, l’exercice de toutes les libertés ; si elle leur avait permis de développer toutes leurs facultés, d’exercer tous leurs droits et de satisfaire tous leurs besoins ; si elle n’avait pas préféré la ruine de la patrie au triomphe certain de la République en Europe, nous