Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/147

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Quant aux habitants de Versailles, tout cela se traduit pour eux par des recettes extraordinaires. Les cafetiers finiront par être tous millionnaires si la France a encore une série de catastrophes sur la planche, ce qui ne laisse pas de leur constituer une situation assez insolite. Comme citoyens, ils sont mélancoliques, comme commerçants, ils sont hilares.

Le corps diplomatique s’était empressé de déménager et avait suivi le gouvernement. Il était accoutumé à ces pérégrinations. Depuis la guerre, la diplomatie était devenue ambulante et les ambassades étaient foraines, installées en garnis. De hauts personnages étrangers complétaient l’émigration. Lord Lyons, ambassadeur d’Angleterre, s’était logé à l’Hôtel des Réservoirs ; le prince de Metternich, ambassadeur d’Autriche, demeurait rue Duplessis ; M. Okounine, chargé d’affaires de Russie, rue Colbert ; le comte de Moltke, chargé d’affaires d’Allemagne, logeait rue du Peintre. Lebrun ; le ministre d’Italie, chevalier Nigra, partageait une maison de l’avenue de Saint-Cloud avec le chargé d’affaires d’Espagne. Le ministre du Portugal avait trouvé à louer un appartement, rue Saint-Louis ; le nonce, rue de Montreuil, faubourg de Versailles ; le ministre de Suisse était campé rue Hoche ; celui de Suède et de Norwège, boulevard de la Reine ; le ministre du Chili, rue de la Paroisse, et la légation chinoise avait pu s’installer rue de l’Orangerie, Tout ce monde officiel était fort à l’étroit, et les chancelleries de ces diverses légations n’avaient pu suivre les ambassadeurs et ministres.

Le maire de Versailles, l’avoué Rameau, dés la première heure, le dimanche 19, fit afficher la proclamation suivante aux habitants, annonçant l’arrivée du chef du pouvoir exécutif et la transformation de cette ville en capitale et en place de guerre.

Les déplorables événements qui ont eu lieu hier à Paris, de-