Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/172

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ravagés, n’ont pas craint de porter dans ce Paris, qu’ils prétendent honorer et défendre, plus que le désordre et la ruine, le déshonneur. Ils l’ont taché d’un sang qui soulève contre eux la conscience humaine, en même temps qu’il leur interdit de prononcer ce noble mot de république, qui n’a de sens qu’avec l’inviolabilité et le respect du droit et de la liberté.

Déjà, nous le savons, la France entière repousse avec indignation cette odieuse entreprise. Ne craignez pas de nous ces faiblesses morales qui aggraveraient le mal en pactisant avec les coupables. Nous vous conserverons intact le dépôt que vous nous avez commis pour sauver, organiser, constituer le pays ; ce grand et tutélaire privilège de la souveraineté nationale, nous le tenons de vos libres suffrages, les plus libres qui furent jamais ; nous sommes vos représentants et vos seuls mandataires ; c’est par nous, c’est en votre nom que la moindre parcelle de notre sol doit être gouvernée ; à plus forte raison, cette héroïque cité, le cœur de notre France, qui n’est pas fait pour se laisser longtemps surprendre par une minorité factieuse.

Citoyens et soldats,

Il s’agit du premier de vos droits, c’est à vous de le maintenir. Pour faire appel à vos courages, pour réclamer de vous une énergique assistance, vos représentants sont unanimes.

Tous à l’envi, sans dissidence, nous vous adjurons de vous serrer étroitement autour de cette Assemblée, votre image, votre espoir, votre unique salut.

Vive la France ! »

Cette proclamation était en somme un réquisitoire contre Paris et un souhait d’une « énergique assistance », c’est-à-dire de répression. L’Assemblée s’adressait aux soldats, ce qui était un appel à la guerre civile direct. Les bataillons de la garde nationale, formés par les quatre cinquièmes de la population parisienne, étaient qualifiés de minorité factieuse. Le gouvernement et l’Assemblée se défendaient contre le soupçon de « faiblesses qui aggraveraient le mal en pactisant avec les coupables ». Donc pas de transaction. Enfin on y déclarait, au mépris du bon sens et de la vérité,