Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/218

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Oh ! la bonne, la naïve et confiante population ! Elle voulait la paix, elle ne souhaitait qu’une chose, déposer le fusil pour reprendre l’outil ; elle était toute à la joie, toute à l’espérance. Chimères et jeux du rêve.

Cela dura peu. Celui qu’on a justement nommé le sinistre vieillard ne rêvait pas, il veillait. Il ne voulait ni de l’établissement de la paix, ni de la reprise du travail. Il entendait que les Parisiens prissent le fusil de nouveau, afin de pouvoir les désarmer. Il avait des canons, il rassemblait des soldats, c’était pour s’en servir, c’était pour faire le général, pour jouer au conquérant. Les maires heureusement lui faisaient gagner le temps dont il avait besoin pour commencer son œuvre de guerre et de sang. Il était satisfait des maires, pour la plupart complices inconscients. Ils lui livraient Paris à bombarder, à remplir de cadavres, pour le triomphe de l’ordre et la victoire de la réaction. M. Vautrain et quelques autres eurent seuls la franchise, ou le cynisme, d’avouer qu’ils ne voulaient pas sérieusement les élections, et que lorsqu’ils négociaient et ergotaient sur les dates pour la convocation électorale, ils ne cherchaient qu’à permettre à M. Thiers de convoquer ses régiments. Les autres, ou ne comprirent rien à ces menées, ou, naïfs et vaniteux, crurent qu’ils tireraient avantage et gloire d’une transaction qui mettrait Paris en leur pouvoir, comme nous le verrons quand nous en serons au dernier acte de la Comédie des Maires.