Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/217

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jours qui auraient pu être employés par le Comité Central et la garde nationale à compenser l’inaction, déjà funeste, des premières journées. La faute initiale commise pouvait donc encore se réparer dans la huitaine de l’insurrection, et Versailles surpris, pas mis encore en état de défense sérieuse, tombait au pouvoir des Parisiens. Alors se trouvaient anéantis les projets de M. Thiers. Cette entrée à Versailles des fédérés entraînait aussi, comme l’indique M. Vautrain, l’adhésion des grandes villes de France. Donc c’était la victoire de la Commune partout, et la révolte de Paris transformée en Révolution nationale, La temporisation a tout changé, et ce fut surtout l’œuvre des maires et des députés de Paris, s’efforçant de négocier, de transiger, d’arracher à l’Assemblée la convocation des électeurs « faisant gagner huit jour » s, comme a dit M. Vautrain, suivis de huit jours de plus perdus en amusettes électorales et parlementaires. Il ne faut cependant pas trop accuser ces maires et ces députés, ceux du moins, vrais républicains, qui, comme Tolain, Clemenceau, Benoît Malon et quelques autres, voulaient franchement la conciliation. Ils supposaient que la convocation des électeurs et la nomination d’un Conseil municipal ou d’une Commune, qui en serait le résultat, feraient tomber les armes de toutes les mains et établiraient l’accord et la réconciliation entre Versailles et Paris. Cette chimère, les élus de Paris pouvaient la concevoir, car c’était celle de toute la population. Écoutons encore M. Vautrain, parlant de l’entente obtenue pour les élections, fixées alors au 30 avril :

Il y eut alors un fait curieux. Je ne sais si vous le connaissez, mais sur le bruit de cet accord, le soir même sur les boulevards, des démonstrations d’une joie folle eurent lieu. Les bataillons fédérés défilaient la crosse en l’air, et criaient : Plus de guerre civile ! vive le travail, vive la Paix !