Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/22

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association. Assi avait seulement donné à l’audience son adhésion à l’Internationale. Aussi ne fut-il pas condamné.

Adolphe-Alphonse Assi, né en 1840, était un ouvrier mécanicien. Né en France, mais d’origine italienne, brun, alerte, nerveux, il avait la physionomie et l’énergie de ces enfants de la Ligurie, dont l’endurance et la sobriété sont héréditaires, et qui fournirent jadis à Jules César ses meilleurs légionnaires. Tout jeune, Assi s’engagea, mais le régime militaire fut pour lui pénible, bientôt intolérable. Se trouvant dans un poste isolé, il avait déserté. « Après vingt-quatre heures de garde, les pieds dans la neige, a-t-il dit pour expliquer sa fuite, nous ne reçûmes à manger qu’à quatre heures du soir, et ne fûmes remplacés qu’à huit heures. En rentrant, je voulus me faire porter malade. On me mit à la salle de police. Il y avait là trois hommes qui me proposèrent de passer en Suisse. Je souffrais, j’avais souffert beaucoup, je les écoutai et je les suivis. Je ne suis donc pas un déserteur pour éviter des peines disciplinaires, comme on a eu l’air de le dire, et j’ai des excuses, ne serait-ce que mon jeune âge, car j’avais alors dix-neuf ans. »

Réfugié en Suisse, il travailla comme mécanicien, et acquit rapidement une certaine habileté professionnelle. Mais Garibaldi faisait alors appel aux braves de tous les pays pour donner l’indépendance à l’Italie. Le déserteur fit partie des vaillants volontaires garibaldiens. Après la défaite il revint en France, bénéficiant de l’amnistie. Il se présenta aux usines du Creusot et fut accepté comme mécanicien-ajusteur.

Assi, actif et audacieux, prit bien vite une grande influence parmi ses camarades. Il avait la parole facile et possédait quelques notions de socialisme. Il catéchisa ses compagnons. Bientôt il entraîna dans une révolte, d’abord