Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/227

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Elle reconnaît tous les gouvernements de fait. Dans la limite de ses attributions, elle est venue en aide à tous les gouvernements nouveaux. Si vous voulez me donner un reçu pour le compte de la ville de Paris, je tiens à votre disposition un avoir de… vous acceptez ?… un million ? » Les délégués s’empressèrent de libeller le reçu, et passèrent à la caisse, où un million en billets de banque leur fut compté. Ils eurent quelques difficultés à monnayer cette somme, mais enfin ils étaient rassurés, la solde était pour plusieurs jours garantie, ainsi que les paiements indispensables au fonctionnement des services de la ville. Ils s’empressèrent de rendre compte du résultat de leur mission, et le Comité Central fit aussitôt paraître la note suivante :

À partir de demain 21, la solde de la garde nationale sera faite régulièrement, les distributions de secours seront reprises sans interruption.

Le soir même la solde se distribuait dans tous les arrondissements. À dix heures elle était partout touchée. Les bataillons, un instant inquiets, reprirent toute confiance, et la popularité du Comité Central s’en accrut.

Ce versement fait par la Banque émut singulièrement Versailles. On y vit une manœuvre bonapartiste. « M. Rouland, disait-on, a opéré pour le compte de l’Empire. S’il avait refusé l’avance, la solde ne pouvait être payée, les gardes nationaux se mutinaient, refusaient de marcher, cessaient de monter la garde, et désagrégés, les bataillons qui soutenaient le gouvernement insurrectionnel ou passaient du côté des bataillons de l’ordre et de l’amiral Saisset, ou même balayaient spontanément les gens de l’Hôtel-de-Ville. Donc, M. Rouland avait sauvé le Comité Central ! »