Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/245

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Robespierre et Chaumette pouvaient en toute sécurité monter à la tribune et faire voter leurs motions : Hoche devant les lignes de Wissembourg, Marceau mettant le pied sur le nid de vipères des buissons vendéens, dans le nord Jourdan, Kléber sur le Rhin et le lieutenant d’artillerie Bonaparte à Toulon, leur assuraient la parole, garantissaient la sanction des décrets qu’ils proposaient. On n’avait à se préoccuper que des coups de main à l’intérieur : 31 mai, Thermidor, Prairial, Vendémiaire. Il était loin d’en être ainsi en mars et avril 71.

Avant d’organiser la République communale, il fallait la faire naître, il fallait lui permettre de vivre. Il était impossible de discuter des textes et d’élaborer des lois, quand il fallait avant tout se battre et vaincre. Le Comité Central, pouvoir exclusivement militaire, gouvernement d’action et non pas parlementaire, s’il fût demeuré seul et maître, sous la pression des circonstances se fût resserré, amélioré. Il semblait désigné pour agir, et non ergoter, pour continuer la bataille sans se soucier des ordres du jour, et pour amener la victoire, sans phrases. Sa retraite devant les élus de la Commune, d’ailleurs incomplète et accomplie avec restriction mentale, eut pour seul résultat de ralentir l’action militaire. Sa préoccupation de régulariser son pouvoir, dans l’interrègne électoral, eut surtout cet effet désastreux d’empêcher que cette action fût immédiate et suivit la fuite du gouvernement.

Le général Crémer a donc porté un jugement faux, lorsqu’il prétendit que le Comité Central ne pouvait soutenir la résistance, ni avoir raison de M. Thiers, de l’Assemblée, et des faibles forces dont ils disposaient. La Commune, malgré l’indispensable attention qu’elle dut porter aux opérations guerrières, malgré la participation directe et personnelle de plusieurs de ses membres aux combats, représenta