Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/246

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ce qu’on pourrait appeler l’élément civil dans la révolution du Dix-Huit mars, et c’était l’élément militaire qui était seul nécessaire. La garde nationale devait avoir seule la parole et l’autorité, au moins jusqu’à ce qu’une bataille décisive et une victoire, sinon définitive, mais suffisamment complète, eussent permis de rentrer dans la cité sauvée et pacifiée. Alors on eût discuté et poursuivi la réalisation des changements politiques, avec les réformes sociales que le prolétariat, vainqueur au dehors, était en droit d’imposer au dedans. Les hommes du Comité Central se sont hâtés fâcheusement de céder la place. Ils devaient garder leur poste périlleux, tant que la cause qui le leur avait fait confier n’était pas victorieuse. Ils avaient le devoir de rester sur la barricade, aux remparts, ou aux avant-postes, tant qu’il y avait à tirer des coups de fusil, et ne pas croire que leur présence était nécessaire à la tribune.

LES ORGIES DU COMITÉ

Crémer a donc émis une opinion sans valeur quand il a affirmé que, si le Comité Central avait conservé le pouvoir, la victoire versaillaise eût été plus rapide, plus certaine. Quant aux sottes et odieuses imputations à l’adresse des membres du Comité Central, ce sont des allégations gratuites, dignes d’être prises au sérieux par un Maxime du Camp. Elles ne furent ni justifiées ni même tenues pour exactes, en dehors des chroniqueurs apeurés et réactionnaires.

Le comte Daru, le président de la commission d’Enquête, si hostile fût-il à l’égard de tout ce qui se rapportait à l’insurrection vaincue, crut même devoir souligner l’exagération évidente des appréciations de Crémer.

— Les membres de ce gouvernement, demanda-t-il,