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LIVRE VI

LES AMIS DE L’ORDRE

PRÉPARATIFS D’ÉMEUTE

Déjà des velléités de résistances locales, de protestation armée, de manifestation générale, étaient signalées dans les quartiers commerçants du centre. Il n’y avait pas de programme politique commun et les mécontents eussent été bien embarrassés si on leur avait demandé contre qui et pour qui ils s’agitaient. Ce n’était pas l’enthousiasme pour Versailles, ni pour ses réfugiés et son Assemblée, qui poussait une partie de la classe commerçante et bourgeoise à former des groupes bruyants sur les boulevards, lisant et commentant les journaux, en plein air. Sur les trottoirs se tenaient de petits clubs, d’où partaient des exclamations confuses et d’imprécises récriminations ; devant les kiosques, autour d’un bec de gaz, on commentait les nouvelles, et on les dénaturait.

L’Assemblée de Versailles certes n’était pas sympathique à ces bourgeois, frondeurs par tempérament, par atavisme. Surtout depuis la loi des échéances, les députés n’étaient point populaires dans cette classe, timorée mais grognarde, et parfois menaçante. Le Comité Central choquait aussi ces mécontents par sa composition plébéienne. Il les inquiétait