Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/254

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par les tendances socialistes qu’on lui attribuait, plutôt que par ses actes. Un vieux levain de 48, la peur des rouges et l’antagonisme de Juin fermentaient dans le cœur des aînés ; les plus jeunes étaient irrités par la présence au gouvernement d’ouvriers, de gens venus on ne savait d’où, et qu’appuyaient les bataillons des faubourgs. Des anciens fournisseurs du temps de l’Empire, des officiers des bataillons de la garde nationale privilégiée d’avant la guerre, des oisifs, des spéculateurs, des journalistes réactionnaires, formaient la tête dirigeante de ces opposants boulevardiers.

Un tailleur du boulevard des Capucines, nommé Bonne, qui habillait autrefois les membres des clubs élégants, et qui ne décolérait pas d’avoir perdu sa clientèle, prit l’initiative de tenter un groupement de ces mécontents épars. Il apposa une affiche dans tous les quartiers du centre, ainsi conçue :

République française. — Je viens faire appel au patriotisme et à la virilité de la population qui veut l’ordre, la tranquillité et le respect de ses lois.

Le temps presse pour former une digue à la Révolution. Que tous les bons citoyens viennent me donner leur appui.

A. Bonne,
Capitaine commandant la 4e Compagnie du 253e bataillon,
12, boulevard des Capucines.

Le terme de ralliement suggéré par ce tailleur remuant était : « les Amis de l’Ordre ». Il circula et devint rapidement locution courante, en attendant qu’il fût inscrit sur un drapeau d’émeute.