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y répondre, il commanda au général Ducrot de faire une reconnaissance, en avant de Versailles, et de la pousser jusqu’aux portes de Paris. Le général fit cette expédition dans la nuit du 24. Il s’avança jusqu’à Bagneux, Châtillon et Clamart. Mais il se heurta à des avant-gardes de fédérés, et, l’alarme donnée, de fortes patrouilles de gardes nationaux sortirent des forts d’Issy et de Vanves.

La possession de ces forts était importante. Elle permit de tenir les Versaillais à distance de l’enceinte bastionnée, et de soutenir la lutte pendant six semaines. Elle ne compensait malheureusement pas la perte du Mont-Valérien, qui eût rendu Paris à peu près imprenable, échappant à la famine du premier siège.

Le général Ducrot crut prudent de ne pas s’avancer plus loin et de battre en retraite. Sans que ses troupes aient pris contact, elles regagnèrent leurs cantonnements à Versailles. Il n’y eut pas un coup de fusil tiré de part et d’autres. Ce mouvement vers les positions parisiennes n’était qu’une répétition, mais elle indiquait que le rideau allait se lever bientôt sur le premier acte de la tragédie. M. Thiers, avant de frapper les trois coups, essayait ses acteurs et leur faisait pratiquer la scène où ils devaient quelques jours après Jouer leur rôle sanglant.

LA CANDIDATURE DU DUC D’AUMALE

L’affiche de l’amiral Saisset avait été prise au sérieux à Versailles comme à Paris, mais dans un sens différent.

L’émotion fut grande parmi les monarchistes à la nouvelle que Paris obtenait satisfaction, et que l’accord était fait.

M. Tirard qui s’était rendu à la séance du 24 mars fut, dès son entrée dans les couloirs, entouré par des collègues