Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Basses-Pyrénées) le 5 octobre 1828. Il n’y avait rien en lui, pas même l’accent, du méridional traditionnel. Il était d’aspect plutôt froid, guindé même, avec une grande politesse d’accueil toutefois, et une aménité toujours en éveil. Peut-être affectait-il une solennité défensive en public, et paraissait-il gourmé dans les premières relations. Il y avait de la timidité sous ce masque intentionnellement majestueux. On ne se fit pas faute de critiquer cette allure un peu théâtrale, qui était devenue chez lui naturelle. Avec aisance et bonhomie, il la quittait dans l’intimité de ses vieux et fidèles amis politiques.

Dans sa jeunesse, on le plaisantait sur ses gilets aux amples revers et sur ses attitudes évoquant la silhouette des grands conventionnels, qu’il admirait et dont il ambitionnait la carrière. « Salut, Floquet, pur comme Robespierre et beau comme Saint-Just ! » C’est en ces termes pompeux et amicalement plaisants, que l’apostrophait Ducasse, un orateur applaudi des réunions publiques, sous l’empire. M. Clemenceau, dans le remarquable discours qu’il prononça le 7 mars 1909 lors de l’inauguration du monument élevé à Paris, avenue de la République, a fait allusion à son respectable souci de rappeler, et pas seulement par le costume, ces grands modèles de la Révolution : « Selon le mot d’un adversaire qui crut railler, a dit l’orateur, Floquet nous sera apparu comme le dernier survivant des grandes assemblées révolutionnaires. »

Le jeune pyrénéen fit ses études à Paris, au lycée Saint-Louis. Il entra, en 1848, à l’école d’administration, excellente préparation aux fonctions et aux affaires publiques. Il se fit inscrire au barreau en 1851, et plaida depuis dans plusieurs procès politiques. Il collabora au Temps et au Siècle. Il fut compris dans les poursuites des Treize, ce procès fameux fait à treize républicains qu’on condamnait