Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/314

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donner à la république provisoire un prince d’Orléans pour chef définitif, était bien dans l’air, dans les esprits aussi, à Versailles. La crainte de Paris, et même de la province, car alors elle eût marché d’accord avec les communards, dissipa ces nuages monarchiques. Et ce fut grand dommage.

CHARLES FLOQUET

Charles Floquet fut l’un des plus remarquables hommes d’état de la seconde république. Ardent, éloquent, et probe, il devint vers la fin de sa vie, toute entière dévouée au service de la démocratie, victime de la réaction, qui ne lui épargna pas plus qu’à Jules Ferry les calomnies et les outrages. Il connut aussi l’ingratitude populaire. Cet excellent républicain n’a pas appartenu à la Commune. Mais il fut attaqué, par les réactionnaires comme ne lui ayant pas montré d’hostilité. S’il ne soutint pas, par sa présence, par sa parole, par son influence et sa notoriété, les républicains parisiens de 1871, il ne fut du moins jamais du côté de Versailles. Il eut le courage de l’affirmer, en pleine réaction, lorsque la Commission d’enquête le fit comparaître comme un coupable. Il fit partie de cette ligue neutre et inutile, ligue de conciliation impossible, nommée la ligue de l’Union Républicaine des droits de Paris. Cette Ligue joua, dans les premiers jours de la lutte, un rôle assez important, mais sans résultat, à un certain point de vue fâcheux. À raison de la tentative d’intervention pacifique de Charles Floquet, et des imputations dont il fut l’objet à Versailles, lesquelles furent suivies de son arrestation, il est nécessaire de retracer ici les principaux traits de cette physionomie intéressante et éminemment sympathique.

Charles Thomas Floquet était né à Saint-Jean-de-Luz