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apprenons que des gardes nationaux se dirigent pour prendre la mairie du Ier arrondissement. Immédiatement on fait prendre les mesures nécessaires pour résister, et au besoin pour se porter au secours de l’arrondissement menacé. Tout était bien préparé, et je crois que ce jour-là, si nous avions eu un général dans Paris, on prenait l’Hôtel-de-Ville, et on sauvait la situation. Il y avait à la Bourse 10,000 hommes. J’avais près de 3 à 400 officiers d’infanterie, venant de captivité, à qui j’avais fait distribuer des chassepots, et il y avait parmi eux un colonel. Tous étaient prêts à marcher…

(Enquête parlementaire. Déposition de M. Héligon, t. II, p. 548.)

On voit que les bataillons fédérés étaient plutôt en périlleuse posture dans cette démonstration ayant pour objet les deux mairies.

L’attitude, à la fois énergique et conciliante, du général Brunel, fit éviter la collision qui pouvait être désastreuse pour les fédérés.

LE GÉNÉRAL BRUNEL

Encore une figure énergique, et l’un des plus intéressants défenseurs de la Commune. Brun, mince, d’une taille moyenne, les yeux noirs très vifs, le teint brun, la face maigre et creusée, l’allure un peu raide, aussi brave que Lisbonne, mais beaucoup moins exubérant, Brunel avait le type franchement militaire. Sa moustache noire relevée en crocs et cirée à la mode de l’armée impériale, complétait son aspect martial. Il avait été officier de cavalerie.

Antoine-Magloire Brunel appartenait à la classe bourgeoise. Son père était propriétaire. Il était républicain autoritaire, n’ayant que de très vagues aspirations socialistes. Le patriotisme le jeta dans les rangs de l’insurrection. Il avait commandé le 107e bataillon de la garde nationale pendant la guerre. Il avait été l’un de ceux que l’attitude